La mondialisation: le monde au bord du précipice

laitman_426Opinion: Lefigaro.fr: A présent, tous les indicateurs de l’économie mondiale confirment non plus l’avancée de la mondialisation, mais plutôt son net recul sur tous les fronts. Malgré les programmes d’austérité appliqués en son nom, elle n’est pourtant pas au rendez-vous. Au contraire, elle semble s’en éloigner au risque de décevoir ses promoteurs, tandis que d’autre part les leviers nationaux de commande, monétaire et budgétaire, jadis répudiés en son nom, redeviennent implicitement d’actualité. En cette année en cours, l’économie mondiale se trouve acculée à nouveau au bord d’un précipice encore plus profond qui risque de mettre en cause toutes les politiques tentées à ce jour…

Les moteurs fondamentaux de la mondialisation – (a) investissements directs hors frontières, (b) échanges commerciaux internationaux, (c) stabilité financière internationale – semblent déjà inopérants, notamment depuis 2010, pour assurer la nécessaire stabilité et cohésion du système économique mondial. L’investissement direct international, supposé le premier pilier de la mondialisation, ne cesse de se contracter pour passer en 2015 en dessous des 2% du PIB des principaux pays investissant à l’étranger…

Pourtant, le stock des dettes financières, tant publiques que privées, ne cesse de s’accumuler impétueusement et beaucoup plus rapidement que la croissance des PIB des pays endettés…

D’autre part, le moteur du commerce international, lui aussi pilier fondamental de la mondialisation, est également en train de ralentir brusquement et même plus fortement que le PIB mondial. Au cours des années 2000-2008, le taux de croissance du commerce mondial était de 2 à 4 fois supérieur à celui de la croissance du PIB…Dans le déclin du commerce international, la chute des prix des matières premières (commodities) et même hors pétrole est encore plus significative. Ces prix s’effondrent les premiers, tirant vers le bas tous les autres. Comme le souligne Daniel Gros, directeur du Centre d’Etudes Politiques Européennes de Bruxelles, tant que les taux de croissance des économies dépassent ceux du commerce international de matières premières, on en conclurait forcément l’entrée en scène de nouvelles matières premières de substitution d’origine domestique qui ne passent plus par les échanges internationaux . Cela indiquerait au moins que les modèles d’économies «tirées» par les exportations cessent de plus en plus de faire recette et que les marchés domestiques seraient en train de se substituer, du moins en partie, à la demande externe qui s’avère de plus en plus défaillante. Bien évidemment, si tel est le cas, il s’agirait d’un rééquilibrage nécessaire de l’extérieur vers l’intérieur, qui de toute façon ferait suite au relâchement des liens de la mondialisation au bénéfice des entités économiques nationales ou régionales plus cohérentes et autocentrées, moins dépendantes de l’extérieur. D’ailleurs, si ce tournant des économies vers leur espace intérieur se confirmait, on comprendrait aussi plus facilement le gonflement parallèle des dettes, car ces dernières correspondraient au creusement des déficits et à l’accroissement des dépenses publiques nécessaires à la stabilisation en période de crise, en discordance bien sûr par rapport aux directives de l’orthodoxie mondialiste. Si de toutes les crises de l’histoire, le rôle de l’Etat est toujours sorti renforcé, ne serait-ce que pour compenser les effets dévastateurs de chaque crise, pourquoi n’en serait-il de même avec celle-ci en cours? Difficile de ne pas voir dans la nouvelle crise mondiale qui s’annonce, le changement de modèle économique. Notamment le postulat des vertus de l’extraversion risque d’être parmi les principaux enjeux de cette crise…

Tant que la mondialisation reste confiée à la finance internationale, les retombées sur l’économie réelle s’avèrent dévastatrices pour tous, y compris pour ses promoteurs. La finance ne devrait pas commander l’économie, mais au contraire la suivre et se mettre à son service. Or à présent, avec l’ordre des choses à l’envers, au lieu d’un nouvel ordre mondial annoncé, la mondialisation avec la finance aux commandes n’amène qu’à un profond désordre mondial renvoyant aux plus sombres périodes de l’histoire.

Mon commentaire:  Si tous les calculs ne veulent rien dire, alors rien n’empêchera le monde de continuer sa chute.

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